
(La frusta e il corpo)
Film réalisé par Mario Bava (sous le pseudonyme de John Old). Avec Daliah Lavi, Christopher Lee, Tony Kendall, Isli Oberon.
Italie/ france/UK - 1963 - 1h23
Interdit aux moins de 16 ans
Quelque part en Europe au XIXème siècle, la quiétude de la famille Menliff résidant dans un vieux castel en ruine au bord de la mer est brutalement rompue par le retour inopinée du baron Kurt, le fils aîné. Ce dernier avait séduit et poussé au suicide l'enfant d'une servante avant d'abandonner ses terres et sa promise, Novenka, pour un exil forcé. Froidement accueilli par l'ensemble de ses prôches qui le considèrent comme un monstre de cruauté, il cherche à renouer avec Novenka, mariée depuis avec Critiano le frère cadet qui a hérité de ses biens. En connaissant le penchant pervers de la jeune femme d'être flagellée avant l'étreinte amoureuse, il parvient à la séduire. Mais un soir, Kurt est sauvagement assassiné dans des circonstances troublantes. Novenka est alors victime d'hallucinations nocturnes comme si le spectre de son amant revenait la harceler, tandis que des morts suspectes surviennent dans son entourage.
1963 est une année chargée dans la carrière de Mario Bava puisqu'il réalise également durant la même période deux autres films charnières dans sa carrière prolifique : La fille qui en savait trop, thriller hitchcockien annonçant la création des giallis, et Les trois visages de la peur, célèbre film à sketchs devenu une référence incontournable.

Le film est assez singulier dans la mesure où il s'amuse à jouer habilement sur deux tableaux : d'un coté Bava ressort tous les ingrédients à succès des grands films de genre avec un savoir faire qui n'appartient qu'à lui, ce qui fait que l'amateur se retrouve d'emblée en terrain familier et se laisse embarquer avec plaisir. Château lugubre aux long couloirs obscurs tapissés de toiles d'araignées, cryptes sinistres, famille rongée par les non dits, amours interdits, méchant ténébreux, malédiction d'outre tombe, superstitions et autres climats poético-morbides...Le Corps et le fouet aborde un classicisme apparent qui fait toujours plaisir à voir - du moins pour les amateurs de ce type de production - d'autant plus que la mise en scène est toujours aussi soignée avec ses éclairages savamment colorés et ses petits effets d'ambiance simples mais efficaces (bruits de pas nocturnes, gros plans sur les visages des protagonistes émanant une émotion clé, musique gentiment inquiétante...) mais qui demeure malgré tout assez convenu.



C'est d'ailleurs ce couple maudit qui forge toute la force du film en dressant une relation ambiguë - entre la fascination, l'attraction animale et le dégoût pur et dur - qui se maintient même au-delà de la mort de Lee après 20 minutes de film. Dès lors Le Corps et le fouet s'évertue surtout à démontrer la progression de Novenka dans la folie, victime d'un mal étrange et indéterminé qui pourrait tout aussi bien être des apparitions surnaturelles qu'une psychose homicide et ce, jusqu'à la résolution du mystère dans ses dernières minutes (quoiqu'en dépit des conclusions hâtives, le doute ne peut être totalement levé). C'est peut-être la partie la moins intéressante du film du fait de quelques longueurs dues au caractère assez répétitif des hallucinations qui finissent par faire office de "bouche-trou" quand à la durée réglementaire du film. Un bon quart d'heure en moins n'aurait pas été négligeable selon moi malgré sa courte durée.

Note : 4,5/6
DVD zone 2 disponible chez Opening
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