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Dariofulcio13

Description :

Films d'horreur, de science-fiction, fantastique ou ovnis inclassables....Quelques articles persos sur mes coups de coeurs et coups de gueules concernant mon péché mignon qu'est le cinéma de genre. Un blog d'un amoureux de séries B pour les amoureux de séries B

Petite légende pour les notes:

0/6: navet

1/6: mauvais

2/6: médiocre

3/6: pas mal

4/6: bon film

5/6: très bon film

6/6: chef-d'oeuvre!!!!!

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52 articles taggés Epouvante

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Frères de sang, frères de peur

Frères de sang, frères de peurL'AUTRE / THE OTHER
(The Other)
De Robert Mulligan. Avec Uta Hagen, Chris Udvarnoky, Martin Udvarnoky, Diana Muldaur, Norma Connolly, Victor French, Portia Nelson, Jenny Sullivan, Loretta Leversee, Lou Frizzell.
Etats-Unis - 1972 - 1h48
D'après le roman “L'Autre” de Thomas Tryon.


Prix du meilleur réalisateur, Festival international du film de Catalogne (1972)

Accord parental.

Nils et Holland Perry sont deux frères jumeaux âgés d'une dizaine d'année. Inséparables et joueurs, ils mènent une existence tranquille dans la ferme familiale comprenant également leur s½ur aînée, son mari et leur grand-mère Ada. Leur mère, Alexandra, atteinte de dépression nerveuse, préfère vivre recluse à l'étage de la demeure. Un jour un évènement dramatique survient, premier d'une longue série de faits étranges et tragiques venant miner l'harmonie des Perry. Petit à petit le doute s'installe insidieusement : l'un des deux frères aurait-il quelque chose de diabolique en lui ?

L'Autre rentre clairement dans la catégorie des "films cultes de l'ombre", ces ½uvres ayant eu une influence certaine à leur époque de sortie et auréolées depuis d'une réputation prestigieuse sans pour autant être connues du grand public. Si cette étiquette mystérieuse sied à merveille à l'esprit du film de Robert Mulligan, il est néanmoins tout bonnement incroyable qu'il n'ait pas gagné plus de popularité tant il préfigure un bon nombre de classiques indémodables du genre tels que La Malédiction.

Frères de sang, frères de peurL'action prend place dans la campagne du Connecticut des années 30 et suit la vie en apparence paisible d'une famille aisée retirée dans une ferme isolée. Le climat estival, la forêt illuminée et les granges poussiéreuses confèrent une atmosphère de quiétude apparente, limite insouciante. Une dimension pour autant loin d'être totalement rassurante car dès les premières minutes, l'élégante réalisation de Mulligan s'amuse à intégrer une forme de trouble latente, oppressante, indéfinissable.

Pourtant tout nous semble bien innocent : durant le premier quart d'heure, nous voyons les deux jumeaux Perry, Nils et Holland, multiplier les jeux enfantins (courses poursuites pistolets de bois en main, explorations de la grange...) tout en croisant l'ensemble des protagonistes du récit. La scène pourrait presque passer pour une chronique champêtre à La Petite maison dans la prairie si dès le départ nos perceptions se voyaient troublées : pourquoi ce non dit autour du mal de la mère ? Pourquoi autant de tensions autour d'une simple bague donnée en cadeau ? Et surtout pourquoi les adultes s'avèrent-ils aussi contradictoires quand à leur comportement vis-à-vis des enfants ? (On passe allègrement de l'indifférence totale –comme si l'enfant n'existait pas- à de la considération attendrie comme le personnage de la grand-mère russe).

Frères de sang, frères de peurTout cela sent à plein nez les secrets de famille, les drames anciens, la folie, l'angoisse...et annonce la(les) tragédie(s) qui couve(nt) dans l'ombre, prête(s) à frapper...
Premier rouage en somme d'une machine complexe à suspense où, sous couvert d'une ambiance envoûtante, notre sens de la logique est mis à mal par une narration maniant l'art du double sens et de l'ambigüité permanente avec un rare brio. The Other pousse en effet assez loin la manipulation en adoptant le point de vue du jeune Nils, le "bon" jumeau qui se retrouve entre la mauvaise influence de son frère, Holland, et l'hermétisme des adultes trop penchés sur leurs drames personnels (la mère dont le quasi mutisme et les regards inquiets trahissent un traumatisme important) où les futilités (la s½ur aînée et le beau-frère préoccupés par leurs loisirs et, accessoirement, par leur futur enfant). Impossible dès lors de discerner clairement la réalité "fantasmée" par ses jeux enfantins de la véritable situation des choses.

Frères de sang, frères de peurEn plus de poser un doute sur la santé mentale de certain(s) protagoniste(s) (formidable interprétation des frères Udvarnoky soit dit en passant mais nous y reviendront), Mulligan suggère également une montée insidieuse du fantastique sans pour autant la confirmer réellement...Le meilleur exemple étant ces étranges jeux mentaux établis entre la grand-mère et Nils qui semblent développer chez ce dernier une sorte de don médiumnique lui permettant d'assister à des scènes passées (la mort accidentelle (?) du père) où à venir (l'accident dans la grange), voire même de les ressentir (la douleur au ventre). Des scènes réellement troublantes mais si ambigües (imagination trop fertile ou véritable pouvoir surnaturel ?) qu'elles influent en grande partie sur nos interprétations de l'histoire globale... The Other est-il un film sur la folie homicide ? Un film de revenants et/ou de possession ? Ou bien est-ce tout simplement le spectateur abusé qui extrapole une succession de coïncidences bizarres ?

Frères de sang, frères de peurQuels que soient les probabilités, toutes paraissent aussi inconcevables que fortement dérangeantes, d'autant plus que le récit va loin dans la cruauté et la transgression de tabous ultimes comme la mort (meurtre ?) de jeunes enfants et de personnes âgées ou le lent pourrissement de la cellule familiale (la boite aux trésors des jumeaux). Dans cet esprit et fort dans le maniement de la suggestion (pas une goutte de sang mais un maximum d'angoisse), Mulligan nous offre, en dernière partie, un lot considérable de séquences chocs toujours aussi tétanisantes presque 40 ans après sa sortie (le sécateur, le contenu du tonneau...). Un exploit narratif encore plus impressionnant lorsqu'il nous dévoile enfin une explication (débutée au bout de 60 minutes) mais qui laisse toujours le doute entre la voie rationnelle et surnaturelle (la logique et le sens du détail sont tels que les deux options sont parfaitement cohérentes l'une et l'autre !).

Frères de sang, frères de peurTraumatisant, The Other l'est assurément, d'autant que, chose rare dans les films mettant en scène des enfants "malsains", il nous est presque impossible de ne pas nous identifier ou du moins nous attacher au jeune Nils. La focale sur son personnage y est, certes pour quelque chose, mais la véritable plus value revient à l'interprétation formidable des jumeaux Udvarnoky. Si beaucoup de films ultérieurs ont misé sur le contraste "caractère pervers" et visage d'ange (au hasard La Malédiction, Esther, Le Bon fils, Joshua pour citer les plus renommés), le film offre une approche inédite en humanisant les enfants. Dénués de toute forme d'agressivité ou de mimique perverse, les deux frères parlent et agissent comme des enfants de leur âge : survoltés, joueurs, affectueux avec leurs proches, des rêves pleins la tête mais aussi craintifs et boudeurs lors des réprimandes adultes en cas de bêtise commise....rien en apparence ne pourrait les distinguer des autres bambins. Et pourtant, pourtant...A force de détails lourds de sens, de coïncidences troublantes, on en vient à se demander (à l'instar de Deborah Kerr dans Les Innocents) si, sous ces frimousses magnifiques, ne se cache(nt) pas un (deux ?) véritable(s) monstre(s) humain(s).

Formidable concentré de drame poignant et de terreur psychologique, The Other n'a absolument rien perdu de son pouvoir de fascination vénéneux. On se laisse embarquer dans ce mariage des Innocents et de Psychose annonçant de futurs titres cultes. Attention vous ne ressortirez pas indemne de ce voyage qui hantera longtemps vos mémoires...

Note : 6/6

DVD zone 2 disponible chez MK2 sous le titre "The Other"
Tags : Epouvante, Enfants maléfiques, Adaptation de roman, 1970's
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#Posté le mercredi 11 août 2010 13:02

Modifié le dimanche 13 octobre 2013 13:47

Fan des années 80

Fan des années 80THE HOUSE OF THE DEVIL
De Ti West. Avec Jocelin Donahue, Tom Noonan, Mary Woronov, Greta Gerwig, A.J. Bowen, Dee Wallace, Heather Robb.
Etats-Unis - 2009 - 1h31


Prix d'interprétation féminine et de la Meilleure bande sonore au Screamfest Festival 2009.

Prix du meilleur film au Birmingham Sidewalk Moving Picture Festival (2009)



Interdit aux moins de 12 ans.

Pour s'offrir l'appartement de ses rêves qui lui permettra enfin d'échapper à sa chambre universitaire sordide, Samantha, une étudiante désargentée, accepte une offre de baby-sitting grassement rémunérée mais aux conditions particulières. Engagée par un étrange couple âgé, elle doit veiller sur une grand-mère sénile se reposant au dernier étage d'une vaste demeure victorienne perdue au milieu de la campagne. Alors qu'une éclipse de lune plonge la région dans les ténèbres totales pour quelques heures, Samantha, restée seule dans la maison, commence à sentir une menace de plus en plus grandissante. Elle est loin d'imaginer la suite des évènements...


Ti West est un amoureux du cinéma fantastique old school, celui des années 70 à 80 où les pierres fondatrices du genre ont pullulé aux cotés d'innombrables perles retombées dans l'anonymat à présent. Une passion qui lui avait déjà servi de tremplin pour son premier essai, The Roost, petite bande fauchée aux intentions sympathiques (une improbable histoire rétro de chauves-souris tueuses et de zombies) mais au rendu amateur pour le moins médiocre. Après avoir été débouté de la réalisation de l'arlésienne Cabin Fever 2, on ne donnait pas forcément cher de ce The House of the Devil au titre gentiment ringard. Grossière erreur !

Fan des années 80Ce troisième opus rentre clairement dans la mode vintage qui touche actuellement la production d'épouvante contemporaine, à savoir une volonté de retrouver l'essence des vieux classiques sans pour autant passer par la case du remake. Si l'on dénote quelques rares franches réussites dans le genre (l'excellent et toujours honteusement inédit Trick'r Treat), ce genre de métrage tombe souvent dans le produit hybride mitigé ou l'échec cuisant (Jennifer's body pour n'en citer qu'un). The House of the Devil est clairement différent des autres ½uvres issues de cette veine nostalgique: jamais prétentieux dans son approche (aucun effet tape à l'½il nombriliste, pas de plagiat déguisé en hommage artificiel et encore moins de dérision condescendante et racoleuse...), le film a pour seule ambition de procurer au spectateur le même plaisir que celui de découvrir une petite pépite oubliée parmi une collection poussiéreuse de VHS dénichées dans un grenier.

Fan des années 80Pari remporté haut la main ! L'une des plus grandes forces du film étant sa reconstitution des années 80 absolument bluffante pour un si petit budget. Ti West déploie en effet un sens du détail d'une rigueur étonnante : des tenues vestimentaires aux accessoires (walk-man, pizzas dégoulinantes, marques de voiture...) en passant par les médias (émissions de télé, vieux tubes rock n roll de l'époque...) et un brossage des mentalités d'alors (les craintes des sectes), rien n'est oublié pour nous immerger dans cette décennie passée. Mais le travail de West ne s'arrête pas là : la réalisation s'imprègne également du style des années 70/80 ! Avec son grain particulier, ses petites audaces visuelles ou sonores (les zooms, les arrêts sur image, le thème musical au synthétiseur renvoyant aux Goblin...) et sa lettrine spécifique (le générique de début avec des lettres jaunes kitsch à souhait), The House of the Devil donne vraiment l'impression d'avoir été tourné il y'a plus de trente ans !

Mais le talent du metteur en scène n'éclate pas seulement dans ses dons d'illusionniste, son art de la narration s'avère également particulièrement redoutable. Prenant à contre pied les tendances actuelles usant d'un rythme effréné et des effusions de sang à tout va, il nous offre un pur film d'ambiance volontairement languissant mais jamais ennuyeux.

Fan des années 80Si la trame en elle-même demeure fort simpliste (une jeune fille, une maison inquiétante, un danger mystérieux. Point), le traitement fait usage d'une redoutable machinerie. Le script procède d'abord à la description de personnages forts et marquants. En tête de gondole, la jeune Jocelin Donahue (dont c'est le premier grand rôle) pose une interprétation tout en retenue mais d'une subtilité exemplaire. Candide, innocente, pleine de vie mais aussi aveuglée par la soif de s'élever par le confort matériel, la jeune fille se présente comme la parfaite synthèse des héroïnes attachantes des bandes d'horreurs cultes des années 70, la petite touche d'humanité et de fragilité en plus. Impossible en effet de ne pas penser un seul instant à Jamie Lee Curtis (Halloween), Jessica Harper (Suspiria), Carol Kane (Terreur sur la ligne) ou encore Olivia Hussey (Black Christmas) face à ses attitudes et répliques (voir par exemple les scènes de marches contemplatives ressemblant à celles de Laurie Strode).

Fan des années 80Autour d'elle, gravite un casting d'enfer réunissant quelques vieilles gloires du bis : Dee Wallace (Hurlements, E.T. ), Mary Woronov (La Course à la mort de l'an 2000, TerrorVision...) ou encore Tom Noonan (Wolfen, The Monster squad). Malgré des rôles parfois anecdotiques, le charisme de ces monstres sacrés est exploité avec brio par le réalisateur pour offrir des profils parfois étrangement rassurants (la propriétaire maternelle de l'appartement), souvent fascinants (le vieil homme au visage angélique mais au comportement trouble et sa femme à l'aura mystérieuse...) mais en tous cas jamais insipides (même les personnage plus stéréotypés de la bonne copine ou de la colocataire trash possèdent une étincelle de vie si rafraîchissante que l'on ne peut que s'attacher immédiatement à elles). Entre deux petites scènes a priori banales mais pourtant essentielles à croquer ses personnages (la séquence irrésistiblement drôle de dégustation des bonbons par Megan, la traversée de la chambre de Samantha dévoilant le fossé mental avec sa coloc'), Ti West brode également un jeu de dialogues particulièrement léché. Loin de recourir à des banalités, les répliques usent et abusent de sous-entendus ambigus (les remarques et conseils étranges du couple...) et d'enjeux psychologiques forts mais susurrés (le surenchérissement du salaire de Samantha témoignant la détresse des deux opposants...). Une écriture subtile que la qualité d'interprétation renforce l'impact recherché.

Après une mise en place d'une bonne trentaine de minutes, The House of the Devil revêt alors les atours d'un huis clos ténébreux où, durant près de quarante minutes, le métrage suit pas à pas les faits et gestes de Samantha se retrouvant seule dans une immense maison à l'architecture labyrinthique. A l'exception d'une scène parallèle extérieure aussi concise que tétanisante (sursaut garanti !), ce segment ne présente rien de particulier d'un point de vue narratif. Paradoxalement, il s'agit de la partie la plus passionnante du film puisqu'elle consiste en une inexorable montée d'angoisse au fur et à mesure que l'héroïne inspecte les lieux.

Fan des années 80Ti West offre un climat anxiogène terriblement efficace : le découpage est précis, les jeux de lumière élaborés et immersifs, les sons savamment calculés pour instaurer de la tension latente... Au point que la maison devienne un véritable personnage à part entière, encerclant la jeune fille inconsciente d'une menace oppressante mais indistincte ! Fourmillant de fulgurances scotchantes (les plans voyant Samantha regarder l'extérieur depuis une fenêtre dont les contours s'effacent dans les ténèbres, la superbe séquence de danse alors que le décor ambiant semble observer l'étudiante...), ce passage offre également une succession de petites données minimes mais qui, compilées ensemble, forment des scénarios catastrophes dans la tête des spectateurs (les photos, les manteaux, la porte du grenier scellée, la voiture...). Pas de tueur masqué, ni de spectres et encore moins d'appels téléphoniques menaçants...juste une baraque mystérieuse et obscure dont le silence et l'isolement provoquent une montée de terreur palpable au point de se demander si l'on se fait un film pour rien ou si quelque chose de terrible va bel et bien se passer. West accomplit l'exploit de réitérer le concept de peur minimaliste, jusque là inégalé, de la première demi-heure du Terreur sur la ligne de Fred Walton (1979). Très fort !

Fan des années 80Ce n'est finalement que dans ses dix dernières minutes que The House of the Devil peut véritablement prétendre au titre de film d'horreur avec une soudaine explosion de violence et de suspense comme pour dégager toute cette tension psychologique jusque là accumulée. La réalisation, jusqu'alors posée et précieuse, devient soudainement plus nerveuse et moderne, accentuant le coté échevelé de la poursuite et la brutalité des actes commis. Si l'on assiste à quelques passages gratinés typiques de notre cinéma contemporain (les mutilations et autres meurtres sauvages...), la construction reste clairement ancrée dans un pur esprit « 70's » dans sa volonté de maintenir de multiples zones d'ombres dans le récit, non pas par simple fainéantise de scénariste mais bel et bien par volonté de préserver un mystère aussi sombre qu'envoûtant. Une volonté qui s'illustre également dans un final abrupt et très surprenant qui n'a rien à envier aux conclusions traumatisantes de La Malédiction et surtout de Rosemary's Baby.

Fan des années 80The House of the Devil ne fera probablement pas l'unanimité pour son parti pris narratif osé (soit de baser les trois quarts de son histoire sur une ambiance et non sur des péripéties horrifiques), néanmoins pour peu que l'on soit réceptif à l'épouvante psychologique et au charme des productions des années 70 et 80, le dernier né de Ti West est un véritable bonheur sur pellicule. D'une rare maîtrise formelle (on pourrait presque parler de "leçon de cinéma" tant l'ambiance et la caractérisation des protagonistes sont stupéfiantes) et doté d'un charme faussement daté terriblement séduisant, le film demeure sans conteste l'une des plus belles réussites du film de trouille de ces dernières années. Rafraîchissant, modeste et sincère, un titre à découvrir de toute urgence !

Note : 5/6

DVD zone 2 disponible chez TF1 vidéos.

Tags : Epouvante, Suggestion, Sorcellerie, 2000's
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#Posté le lundi 20 septembre 2010 10:20

Modifié le mercredi 13 novembre 2013 15:19

Une si gentille petite fille...

LE CAS 39Une si gentille petite fille...
(Case 39)
De Christian Alvart. Avec Renée Zellweger, Jodelle Ferland, Ian McShane, Bradley Cooper, Kerry O'Malley, Callum Keith Rennie, Adrian Lester, Georgia Craig.
Etats-Unis / Canada - 2009 - 1h45.


Interdit aux moins de 12 ans.

Assistante sociale dévouée corps et âme à son travail, Emily Jenkins est chargée d'étudier le dossier de Lilith Sulivan, une petite fille de 10 ans semblant montrer des signes de négligence graves de la part de ses parents. Malgré l'avis de ses supérieurs et l'absence de preuves matérielles significatives, Emily s'entête à vouloir l'aider. Une obsession qui lui permettra de sauver la gamine d'une mort atroce programmée par ses géniteurs. Après l'arrestation musclée de ces derniers, Lilith est immédiatement adoptée par sa nouvelle bienfaitrice. Une nouvelle étape vers le bonheur ? Pas vraiment car très vite Emily commence à percevoir une facette cachée chez l'enfant, bien plus sombre qu'elle n'aurait pu imaginer. Lorsqu'elle commence à voir son entourage professionnel et amical décimé par des évènements suspects, elle comprend que les parents de Lilith n'étaient pas aussi monstrueux qu'ils en avaient l'air...

L'humoriste Didier Super nous avait prévenu dans une de ses chansons satiriques les plus connues : "Les enfants faut les brûler" ! Traitement radical qui prend tout son sens dans Le Cas 39 (à voir pour comprendre l'analogie), un des derniers représentants du film de gamin tueur comptabilisant déjà pas mal de références depuis les années 70, des Révoltés de l'an 2000 à The Children. Tourné en 2006 par l'allemand Christian Alvart (Antibodies et Pandorum), Le Cas 39 fut néanmoins inexplicablement rangé dans les fonds de tiroir de la Paramount avant d'être enfin exploité en salles américaines durant le mois d'octobre 2010 (en France, il a été directement lancé sur le marché vidéo trois mois plus tôt). Un traitement radical n'augurant rien de bon quand à la qualité du produit en général...Hasard ou coïncidence ?

Une si gentille petite fille...La première partie du film commence sur les chapeaux de roue grâce à un traitement réaliste conciliant les codes d'un thriller énigmatique prenant (une petite fille menacée par des parents inquiétants et aux motivations nébuleuses) avec un cadre crédible pas forcément courant dans le milieu du film de genre. Le Cas 39 s'applique ainsi à explorer le monde difficile des métiers du social en révélant en quelques minutes toutes les facettes peu reluisantes qu'il réserve : surmenage et pression psychologique subis par les assistants, défilé de dossiers anonymes représentant autant d'enfants et de familles en détresse, système administratif et judiciaire archaïque (dixit la réplique "Quand tu voles une pizza tu vas en prison mais lorsque tu tentes de tuer quelqu'un tu peux t'en sortir en te faisant passer pour fou"), rapports de force constant avec les interlocuteurs, sentiment omniprésent de frustration...

Une si gentille petite fille...Une base tendue et bien symbolisée par le personnage de Renée Zelwegger, une assistante sociale aussi passionnée qu'idéaliste mais dont l'addiction à son travail finit par phagocyter son épanouissement personnel. Malgré quelques tics d'interprétations hérités de son étiquette de super star de comédies romantiques acidulées (les petites moues boudeuses et les regards/sourires en coin pas très subtils pour montrer l'émoi de son personnage), l'ex Bridget Jones s'en tire honorablement dans la peau d'une madame tout le monde bien sous tous rapports. Un travail qui n'est pas à proprement parler exceptionnel, mais son jeu pour distiller sa montée graduelle dans la paranoïa et la peur, passant de la working girl acharnée à la dépressive terrorisée, s'avère suffisamment bien dosé pour qu'on s'identifie sans trop de mal à elle.

Une si gentille petite fille...Un bon petit plus pour apprécier davantage une mise en place lourde en menaces latentes à l'image de cette séquence mettant réellement mal à l'aise où Emily procède à la première entrevue avec les parents Sullivan dont l'hostilité est perceptible par des regards glaçants. Une atmosphère pesante qui explose lors d'une terrifiante séquence (la meilleure du film) autour d'un four détourné à des fins ignobles. Une scène pas violente au sens propre du terme mais vraiment dérangeante dans l'idée qui, hélas, sera la seule pointe vraiment tordue et surprenante de cette production qui vire immédiatement vers les sentiers plus convenus.

Une si gentille petite fille...Dans la peau de Lilith, la petite Jodelle Ferland (enfant star habituée des rôles glauques puisqu'on l'a vue notamment dans Silent Hill, Tideland ou encore Les Messagers) entre alors pleinement en scène pour semer subtilement le trouble et (peut-être) la mort autour de sa nouvelle tutrice légale. La demi-heure qui suit ressemble alors à un thriller domestique classique (des sorties antérieures comme Le Bon fils ou Esther étant déjà passés par là) avec ce qu'il faut de suspicion, d'ambigüité et de personnages troubles pour maintenir correctement l'attention. Si l'énigme tournant autour de Lilith n'est pas vraiment approfondie (est-elle en lien direct avec les évènements dramatiques subis pas Emily ou bien cette dernière vire t-elle parano en prêtant trop d'attention aux divagations des parents de sa protégée ?), ses changements de personnalités déstabilisants valent assurément le coup d'½il et représentent le véritable intérêt du récit. Confondante de naturel en virant brusquement du petit être angélique à la peste manipulatrice et fourbe (voir l'entrevue avec le pédopsychiatre où elle parvient à lui glacer le sang en quelques répliques corsées), Jodelle Ferland écrase de sa présence charismatique tous ses partenaires adultes et parvient sans mal à nous procurer une envie irrésistible de lui filer des claques rien qu'avec son regard délicieusement inquiétant. Une véritable plus value qui permet au film d'Alvart de demeurer fondamentalement agréable malgré une impression persistante de déjà vu.

Une si gentille petite fille...Il faudra néanmoins attendre un peu moins d'une heure de métrage avant que Le Cas 39 ne révèle sa véritable personnalité à l'instar de sa graine d'(anti)héroïne. Dès la cinquantième minute, le script accumule ainsi les révélations et prend alors une tournure surnaturelle directe et plus originale dans la lignée de La Malédiction (toutes proportions gardées). L'idée est en soit très bonne et permet de développer une variation intéressante et rafraîchissante sur un thème pourtant archi-rabattu : la petite terreur n'est désormais plus un serial killer en culotte courte ni un ersatz d'Antéchrist destiné à détruire le monde. Chez Alvart il s'agit tout bonnement d'un corps et un esprit enfantin affublé de pouvoirs démoniaques très puissants lui permettant de dicter sa loi à ses proches tout en cédant de temps à autres à ses penchants diaboliques comme le meurtre de personnes "gênantes" (des petits "rivaux" se partageant l'affection de sa tutrice ou des témoins trop curieux etc...). En somme une extrapolation de l'enfant roi, déchiré entre l'envie d'être l'exclusivité des attentions et celle de tout détruire. Une mauvaise graine que même la regrettée Super Nanny aurait bien du mal à venir à bout de son vivant (l'émission n'en aurait été que plus intéressante ceci dit). Le concept plus ou moins inédit (si l'on excepte un des sketches du film La Quatrième dimension et l'épisode La Poupée de la série X-Files qui abordaient déjà le thème) apporte donc quelques passages forts et réussis où Renée Zelwegger subit la pression odieuse de sa nouvelle protégée : une dispute où un ascenseur capricieux servira d'objet de chantage, un assaut dans une chambre barricadée et même une éprouvante partie de cache-cache sous un lit...

Une si gentille petite fille...Hélas, trois fois hélas, paradoxalement, Christian Alvart brûle bien trop vite ses cartouches de son intrigue prometteuse. Au lieu d'aller jusqu'au bout de ses possibilités (l'aliénation par un enfant, l'image trompeuse que l'on accorde aux petites bouilles enfantines etc...) et d'exploiter son climat de malaise initial, Le Cas 39 peine au contraire à atteindre son générique final dès qu'il entame la voie de l'épouvante. Victime d'une résolution trop prématurée du mystère (au bout de 50 minutes donc) qui élimine toute ambiguité destabilisante, le script tente ainsi vaille que vaille de rythmer l'intrigue à coup de meurtres prévisibles et de jump-scares artificiels et peu efficaces (l'apparition saccadée du placard).
Un choix de narration superficiel que ne viendront guère rehausser de multiples défauts de mise en scène donnant dans la facilité : un suspense désintégré par une musique omniprésente annonçant trop tôt toutes les séquences chocs, des effets qui ont tendance à en faire trop plutôt qu'à chercher faire peur (la séquence des abeilles qui laisse de marbre à force d'abus de CGI trop voyants) et même l'irruption de quelques passages assez limites pour la crédibilité (voir comment Renée Zelwegger passe trois heures à tenter de cacher un couteau avant l'arrivée de la gamine alors qu'elle n'avait qu'à ranger l'ustensile dans un carton de couverts préalablement dissimulé par ses soins dans un placard).

Une si gentille petite fille...A l'image de sa conclusion, Le Cas 39 apparait donc comme un produit regardable mais finalement assez bâclé. Passé une première moitié agréablement divertissante, le film s'enlise inexorablement dans une sorte de banalité dont on a bien du mal à se passionner. Lorsqu'il déploie l'arsenal des trucages et une tonalité horrifique, Christian Alvart n'arrive effectivement qu'à réciter un catalogue d'effets classiques pour tenter de masquer les limites de son scénario prêtant pourtant à des voies séduisantes mais hélas passées sous silence (les origines du mal de Lilith...). Finalement dans ce spectacle résolument moyen, seule l'interprétation de la troublante Jodelle Ferland reste remarquable et constitue la seule curiosité. Une épice inespérée qui parvient à rehausser de justesse le goût de ce produit de consommation courante pour le rendre digeste. Dans le même genre, on peut largement lui préférer Esther réalisé après mais sorti bien avant lui.

Note : 3/6

DVD zone 2 disponible chez Paramount.
Tags : Enfants maléfiques, Diables et démons, Epouvante, Thriller, Fantastique, 2000's
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#Posté le samedi 08 janvier 2011 19:52

Modifié le dimanche 03 août 2014 16:27

Back in black

PEUR(S) DU NOIRBack in black
De Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre Disciullo, Lorenzo Mattotti, Richard McGuire. Sous la direction artistique d'Etienne Robial. Avec les voix d'Aure Atika, François Creton, Guillaume Depardieu, Nicole Garcia, Arthur H, Christian Hecq, Louisa Pili.
France - 2007 - 1h27.


Accord parental.

S'il est bien une peur universelle partagée autant par les enfants que les adultes, c'est bien celle du noir ! Dans les ténèbres, la vision est impossible et au moindre bruit, nul ne peux s'empêcher d'imaginer le pire : serait-ce un insecte qui frôle votre peau nue ou est-ce que quelqu'un (ou quelque chose) est-il présent à vos cotés, en train de vous épier ?
Six illustrateurs se sont donné pour tâche d'animer leurs plus grandes frayeurs liées à la pénombre. Revenants, créatures d'un autre monde ou dangereux maniaques, chacune de ces histoires vous plongera un peu plus c½ur de l'angoisse nocturne...


Le film à sketchs est une denrée aussi rare qu'appréciée au cinéma. Exercice de style périlleux impliquant diverses difficultés formelles (concision des segments, comparaison inévitable entre chaque partie et souci de préservation d'une unité logique rythmique et thématique), il n'a que très rarement accouché de grosses pépites (hormis le jubilatoire Trick'r treat resté honteusement inédit en France depuis trois ans, la dernière pièce incontournable et mémorable du genre remonte au Creepshow de George Romero).

Back in blackAussi lorsqu'une poignée d'artistes unissent leur talent pour former une nouvelle variation autour de l'anthologie horrifique, l'excitation vient naturellement nous titiller bien qu'une telle démarche n'est guère inédite, ayant déjà donnée autrefois quelques titres sympathiques (Deux yeux maléfiques, Trois histoires de l'au-delà) mais bien souvent médiocres (Bangkok haunted, Contes macabres...). Mais là où Peur(s) du noir se distingue de ses aînés, c'est bien dans l'identité de ses créateurs constitués de la crème des crèmes des dessinateurs de BD et des graphistes contemporains en lieu et place des sempiternels réalisateurs. Six grands noms de l'image qui projettent à travers ce long-métrage d'animation leurs propre conception de l'angoisse liée aux ténèbres...Avec une telle compilation de promesses, il n'est (presque) pas étonnant de voir à quel point le résultat final se montre comme l'un des meilleurs essais du genre malgré son statut de dessin animé !

Comme son titre l'indique, Peur(s) du noir brasse autour du thème de la nuit et des horreurs qu'elle engendre. Par conséquent, en plus d'être un fil conducteur narratif liant (plus ou moins) chacune des histoires, il se manifeste également sur la forme du métrage en imposant un noir et blanc aussi élégant qu'oppressant avec quelques variantes « tolérantes » (des nuances de gris pouvant servir de substitut tandis que certains éléments peuvent passer outre cette décoloration comme des traces de sang conservant un aspect écarlate). Le principe narratif en lui-même reste plus classique : à chaque artiste collaborateur correspond un segment différent dont il a la charge. Seul le montage diffère quelque peu : selon leur structure narrative, chaque essai peut être montré en un seul bloc ou au contraire scindé en plusieurs parties de manière à rendre leur vision plus agréable.

Back in blackC'est le dessinateur de BD Blutch (une des révélations du magazine Fluide glacial à qui l'on doit notamment les albums de Le Petit Christian , Blotch ou encore Rancho Bravo ) qui ouvre les réjouissances avec un premier segment narrant la sinistre ballade d'un marquis lâchant ses chiens enragés à la moindre occasion sur les personnes croisant sa route.
Avec une construction redondante étalée en 4 chapitres séparés, ce segment ressemble étrangement à une sorte de comptine macabre que les enfants s'amusent à chanter pour se donner quelques frissons faciles. C'est mécanique, simpliste et prévisible mais l'ambiance malsaine qui se dégage grâce à la cruauté du récit et aux traits crayonnés distillant un univers glauquissime vaut néanmoins le détour. Dommage que narrativement parlant ce petit film ne soit pas plus élaboré (notamment dans sa recherche symbolique pas très poussée) et finisse par rester dans l'ombre des autres courts-métrages.

Passons rapidement sur un monologue lourdement auteurisant mais ponctuellement lucide de Pierre Di Sciullo où Nicole Garcia énumère les peurs intimes, de la plus cocasse à la plus angoissante, sur fond de formes mouvantes. Le concept est intéressant mais le résultat final se révèle peu marquant, tant visuellement qu'auditivement. Son exploitation judicieuse sous forme chapitres servant d'entracte entre chaque histoire lui permet d'être néanmoins plus digeste.

Back in blackPeur(s) du noir enchaine ensuite sur la version de l'américain Charles Burns, immense auteur de BD cultes telles que Black Hole , Detective stories ou Big Baby . Fidèle à son esthétisme particulier et si facilement reconnaissable (décors détaillés jouant avec les ombres et personnages réalistes aux traits souvent ingrats), le dessinateur livre un sympathique épisode digne des Contes de la Crypte ou de La Quatrième dimension. Un jeune garçon solitaire capture un étrange insecte, sorte de mante religieuse humanoïde, qui s'échappe dans sa chambre. Devenu étudiant des années plus tard, il connait sa première expérience amoureuse sur son lit de gosse. Or au réveil, la charmante demoiselle présente une étrange blessure au poignet, début d'un long cauchemar...
Même si la ressemblance frappante avec l'épisode Liaison bestiale de la saison 1 des Masters of horror peut amoindrir le plaisir de la vision, cette petite intrigue conciliant horreur organique à la Cronenberg, histoire sentimentale et récit initiatique (ou comment le jeune garçon introverti rentre dans le monde adulte au contact de la gente féminine) se démontre comme un agréable huis clos psychologique à la tension croissante (bien que légère) et à mi-chemin entre La Mouche et JF partagerait appartement. Le dénouement, aussi grotesque que jubilatoire, ravit par son humour noir et son imagination fertile. Pas sensationnel (si l'on excepte l'animation magnifique) mais amusant.

Back in blackBeaucoup plus déstabilisant paraît en revanche le segment de Marie Caillou, graphiste spécialisée dans les images vectorielles informatisées. Se localisant dans une petite ville de campagne japonaise, le scénario suit la descente aux enfers d'une écolière souffre douleur de ses camarades (voir la scène de bizutage très corsée) qui subit la malédiction d'un samouraï dont la tombe se situe à proximité de sa nouvelle maison. Seule variation s'autorisant des nuances de couleurs plus riches (gris, noir, rouge sang), il s'agit d'une histoire contée en flash back où les visions surréalistes dérangeantes prennent peu à peu le pas sur la réalité, un Alice aux pays des cauchemars bien trash par moment où apparitions et possessions diverses assurent des visions horrifiques marquantes. Jouant avec dextérité sur de multiples tableaux (angoisse de la perte de repères, cruauté enfantine, crainte de la légende urbaine et phobie du milieu hospitalier), ce conte surnaturel propose une ambiance très pesante avant de s'achever sur une scène ouverte aussi déchirante et cruelle que très subtile dans sa forme.

Back in blackEncore un cran au dessus, le court-métrage de Lorenzo Mattotti (célèbre illustrateur touche à tout ayant notamment donné quelques albums célèbres dont Feux et responsable des séquences animées du film à sketchs Eros) joue la carte de la chronique champêtre se muant inexorablement en traumatisme enfantin. Le narrateur nous raconte ainsi comment son village fut, durant son enfance, terrorisé par une série de disparitions et de meurtres inexpliqués. Seraient-ce les mystérieuses créatures du ciel dont lui parle souvent son meilleur ami ?
Fortement teinté de nostalgie naturaliste doublée d'une ambiance de conte fantastique, cette sorte de Bête du Gévaudan version marécages hantés offre son lot de mystères et de visions aussi terrifiantes (l'apparition de la fenêtre) que poétiques (l'ombre mouvante dans la prairie la nuit, les nuages prenant des formes fantaisistes...). Les dessins aux traits doux et apaisants confèrent une belle ambiance fantastique et parviennent sans mal à distiller une immersion totale malgré le barrage du noir et blanc (voir entre autres les séquences sur la place de l'église qui laissent aisément deviner l'écrasante chaleur et la luminosité des lieux). Une belle réussite !

Back in blackEnfin le plat de résistance vient avec le sketch de Richard McGuire (designer et illustrateur à qui l'on doit entre autres Le Livre fou avec des trous ) qui illustre à merveille le titre de l'anthologie. L'histoire sans parole nous montre un individu, probablement un SDF, qui s'introduit dans une maison abandonnée alors qu'une terrible tempête de neige fait rage. Mais bien vite le passé de la demeure ténébreuse va venir pourrir son répit...En alliant les codes du film de maison hantée avec un graphisme jouant sur deux couleurs brutes et sans nuances (le blanc éclatant et le noir impénétrable), McGuire nous offre là un authentique monument de trouille d'une rare adresse digne du Shining de Kubrick ! Effectivement, l'auteur nous manipule en déchainant notre imagination fertile à propos de l'histoire des anciens occupants de la maison par l'intermédiaire d'un défilé de détails troubles (un album photo virant au recueil malsain, des signes de présences indistinctes, des songes baignés de folie...). Une angoisse d'autant plus perturbante que l'ambigüité est poussée son paroxysme : le héros est-il la proie de ses craintes superstitieuses ou est-il vraiment confronté à des évènements surnaturels hostiles ? L'irréalité des décors plongés dans le noir total, la musique stressante et les effets minimalistes terriblement percutants (une porte qui claque, une silhouette fugitive en second plan, les ombres mouvantes crées par les sources lumineuses de fortune...) nous plongent dans un véritable cauchemar de gosse délicieusement étouffant et dont le dénouement radical s'amuse avec sadisme sur l'ironie propre à la peur du noir...On en ressort le c½ur battant à la chamade mais absolument ravis !

Six essais et presque autant de réussites...un constat final peu courant pour une anthologie. Brillant dans sa forme esthétique, globalement convaincant dans son fonds, Peur(s) du noir est tout bonnement l'un des meilleurs long-métrage d'épouvante segmenté en petites histoires. Réflexif, envoûtant, malsain ou tout simplement terriblement angoissant selon les cas de figure, cette pépite (noire) demeure une incontestable réussite que les amateurs de fantastique et/ou de longs-métrages animés devraient découvrir de sitôt.

Note : 5/6

DVD zone 2 disponible chez TF1 vidéos.
Tags : film à sketches, Animation, Epouvante, Fantastique, Noir et blanc, Cinéma français, 2000's
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#Posté le mardi 25 janvier 2011 00:02

Modifié le mardi 09 septembre 2014 15:50

Mortelle Dame de fer

LA VIERGE DE NUREMBERGMortelle Dame de fer
(La Vergine di Norimberga)
De Antonio Margheriti. Avec Rossana Podestà, Georges Riviere, Christopher Lee, Jim Dolen, Anny Degli Uberti, Luciana Milone, Luigi Severini, Lucile Saint-Simon.
Italie - 1963 - 1h20
D'après le roman "La Vergine di Norimberga" de Frank Bogart.


Interdit aux moins de 12 ans.

Pour son voyage de noces avec le richissime Max Gunther, Mary accepte de le suivre dans son château familial perdu dans la campagne allemande. Sur place, elle apprend la sombre histoire de sa nouvelle famille, descendante d'un bourreau ayant massacré au XVIIIème siècle un bon nombre de jeunes femmes adultères au moyen d'instruments de tortures. Ces derniers sont à présent exposés dans une galerie de l'immense demeure, faisant office de musée des horreurs ouvert à un public touristique avide de frissons. Elle-même amusée dans un premier temps, Mary déchante rapidement lorsque, durant sa première nuit, elle est réveillée en sursaut par des cris de terreur provenant de la galerie. Dans la Vierge de Nuremberg, un sarcophage garni de pointes acérées faisant office de joyau de la collection macabre, elle découvre le cadavre mutilé d'une des servantes du château...


A chaque décennie ses modes cinématographiques...De la fin des années 50 au début des années 60, la société de production anglaise Hammer connait son heure de gloire en popularisant à l'échelle internationale l'horreur gothique via une flopée de classiques instantanés tels que Le Chien des Baskerville, Frankenstein s'est échappé ou encore Le Cauchemar de Dracula. En parallèle, le mythique metteur en scène américain Roger Corman monte entre 1960 et 1965 un cycle de huit long-métrages d'épouvante (comprenant entre autres Le Masque de la mort rouge, La Chute de la maison Usher ou encore L'Empire de la terreur) tous plus ou moins inspirés des écrits d'Edgar Poe et qui sont à présent considérés comme des références du genre. Face à ces deux poids lourds, la vague italienne parait plus timide mais reste pourtant fort estimable. C'est dans cette dernière, lancée par le superbe Masque du démon de Mario Bava et par le funèbre Moulin des supplices, que le metteur en scène Antonio Margheriti parvint à s'octroyer une petite notoriété auprès des amateurs en confectionnant les pépites que sont Danse macabre et La Sorcière sanglante, tous deux dominés par l'inquiétante Barbara Steele.

Avant cette consécration, Margheriti était un coutumier de la science-fiction tendance kitsch (Le Vainqueur de l'espace, Il Pianeta degli uomini spenti) et de l'aventure sous influence Hollywoodienne (La Flèche d'or, Les Derniers jours d'un Empire). Ce n'est qu'avec son cinquième essai, La Vierge de Nuremberg, qu'il aborda enfin le genre dans lequel il se démarqua de la masse. Bien qu'en deçà de ses ½uvres suivantes qualitativement parlant, cette première approche horrifique n'en reste pas moins intéressante à plus d'un titre. A la différence d'un bon nombre de concurrents versant immanquablement dans l'argument fantastique à base de revenants et de sorcières maléfiques (un critère alors quasiment obligatoire), le film de Margheriti opte contre toute attente pour une approche plus terre à terre, flirtant étroitement avec le thriller sans pour autant délaisser les caractéristiques propres au film gothique.

Construit sous la forme d'un whodunit classique à la Agatha Christie (un huis clos mystérieux où des protagonistes se suspectent mutuellement au rythme de meurtres successifs et de coups de théâtre plus ou moins inattendus), La Vierge de Nuremberg vaut principalement pour sa réalisation très soignée qui utilise avec brio ses sinistres décors (couloirs ténébreux, jardins labyrinthiques et autres cryptes délabrées sur fond d'orages menaçants) et les "ingrédients" inhérents au genre (musique emphatique, héroïne frêle et sans défense...) pour nous concocter une ambiance anxiogène assez réussie. Dès sa percutante introduction plongeant immédiatement le spectateur dans le bain de sang (l'héroïne se réveille dans la nuit et entend des cris de terreur dans une bâtisse qui lui est presque étrangère), le film parvient à captiver l'attention dans un crescendo agréablement dosé distillant régulièrement quelques séquences d'effroi efficaces (apparitions et attaques surprises du maniaque, bruits suspects...) dont certaines se montrent très corsées pour l'époque. Effectivement, comme pour faire honneur au titre de son film faisant référence à un instrument de torture du Moyen-âge, Margheriti agrémente son suspense de quelques pointes de gore peu courants pour l'époque, n'hésitant pas à nous montrer cadavres salement mutilés (la première victime énuclée dans le fameux sarcophage garni de pointes) où sévices terrifiant de sadisme (le masque grillagé renfermant un rat affamé). Si à l'heure actuelle l'amateur d'horreur nourri de Saw-like trouvera forcément ces touches sadiques assez légères, il faut reconnaître que pour l'époque La Vierge de Nuremberg ne va pas avec le dos de la cuillère comparé aux titres sortis à la même période et a du sacrément secouer son public, d'où sa réputation de pierre angulaire du cinéma de genre italien.

Un écrin soigné et quelque peu osé qui sauve considérablement le film d'un script bancal, trahissant son statut de petite série B tournée rapidement. Si La Vierge de Nuremberg se montre accrocheur durant sa première moitié, concentrée sur une mise en place simple mais efficace des personnages ambigus (l'indétrônable Christopher Lee campant magistralement un gardien défiguré et taciturne aux faux airs de psychopathe, la gouvernante prenant un malin plaisir à tourmenter l'héroïne avec ses histoires sordides...) et de fausses ( ?) pistes à gogo (les absences suspectes de Max, les instruments chirurgicaux, les visites d'un prétendu inspecteur, ...), la seconde montre des signes d'essoufflement certains en tentant vaille que vaille de remplir ses 90 minutes réglementaires avec peu de matériel narratif. Il faut dire qu'en dépit d'un casting très correct (on retiendra surtout la jolie Rossana Podestà brossant avec conviction une jeune femme déterminée et perspicace qui arrive presque à se détacher des habituelles figures de victimes potiches récurrentes des séries B d'alors) les protagonistes manquent énormément de profondeur alors que le sujet se prêtait bien à une facette psychologique perverse (la citadine déboussolée par la vie autarcique de son époux à la manière du Rebecca d'Alfred Hitchcock, le thème du traumatisme de guerre révélé planant pendant une bonne partie du film).

En lieu et place, le scénario préfère céder au divertissement léger en accumulant des péripéties tournant un peu au grand guignol pas très crédible : prisonniers de la demeure, les derniers rescapés se séparent en dépit du bon sens sans ressentir de la crainte ; une scène de piège aquatique est fragmentée et étirée sur plus de quinze minutes sans que cela ne s'avère utile en quoi que ce soit et même la police, pourtant prévenue du danger, met une éternité avant de prendre les choses en main...Quoiqu'il en soit, les victimes se ramassent régulièrement à la pelle et le suspense prédomine malgré le manque de rigueur du récit, faisant patienter sans trop de problème jusqu'à la révélation finale assez bien pensée et plus intelligente que la moyenne (où comment le mythe du Fantôme de l'opéra rejoint la dénonciation des horreurs nazies du IIIème Reich) même si elle se montre là-encore un peu superficielle (même en prenant conscience du facteur de folie, on a du mal à faire le rapprochement entre l'identification du maniaque envers un bourreau du XVIIIème siècle et l'origine de son trouble).

Divertissement sans prétention, La Vierge de Nuremberg n'est peut-être pas un essentiel du film d'horreur gothique du fait de sa simplicité et de ses quelques facilités fâcheuses, mais il n'en demeure pas moins une production transalpine de très honnête facture valant pour sa mise en scène inspirée et ses quelques séquences de frissons assez percutantes pour l'époque. Honnête, bourré de charme (désuet) et intéressant, voilà un petit titre qui se laisse déguster comme une bonne partie de Cluedo mais qui ne laissera pas, par contre, autant de marques que certains classiques de Mario Bava ou de la Hammer. Les amateurs de films gothiques apprécieront à coup sûr...

Note : 4/6

DVD zone 2 disponible chez Opening.
Tags : Tueurs fous, Gothique, Epouvante, Christopher Lee, Adaptation de roman, Cinéma italien, 1960's
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#Posté le dimanche 04 septembre 2011 11:23

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